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Keyword: nature

Parfois vos tableaux abstraits donnent une impression de paysage. Êtes-vous encore à la recherche d’une forme de réalisme dans l’abstraction ?
Je crois que je recherche l’exactitude. Mon travail a tellement à voir avec la réalité que je voulais trouver la justesse lui correspondant. Cela exclut de peindre par imitation. Dans la nature, tout est toujours juste, les proportions sont bonnes, les couleurs sont en harmonie avec les formes. Si vous imitez cela en peinture, cela devient factice.

Interview with Anna Tilroe, 1987, 1987 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

L'art n'est pas un substitut de religion, mais une religion ( au sens de « relier ». Un lien avec le non identifiable, le déraisonnable, le surnaturel ). Ceci ne veut pas dire que l'art ressemble à une église et endosse une fonction ( éducation, formation, interprétation et sens ). Mais, comme l'église ne suffit plus à faire percevoir la transcendance ni à incarner la religion, l'art en tant que transposition, est le seul pratiquant d'une religion, c'est-à-dire la religion en soi.

Notes, 1964-65, 1964-65 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Vous avez souvent peins des tableaux gris au cours des décennies. Est-ce que vous avez quelque chose à en dire à ce propos ?
Sujet difficile. Le gris s’inspire certainement des photos-peintures et, naturellement, cela vient du fait que je pense que le gris est une couleur importante, la couleur idéale pour l’indifférence, pour éviter de s’engager, pour garder le silence, et le sens du futile. En d’autres termes, la couleur idéale pour les états d’âmes et des situations qui affectent l’individu et pour lesquels celui-ci voudrait trouver une solution visuelle.

Interview with Jan Thorn-Prikker, 2004, 2004 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Mes paysages ne sont pas uniquement beaux, nostalgiques, romantiques ou classiques dans leur âme, tels des paradis perdus, ils sont surtout « trompeurs » ( même si je n’ai pas toujours trouvé le moyen de montrer cet aspect-là ). Par « trompeur » j'entends dire que nous transfigurons la nature en la regardant, la nature qui, sous toutes ses formes, est constamment notre adversaire puisqu'elle ne connaît ni sens, ni clémence, ni pitié, parce qu'elle ignore tout, est totalement dépourvue d'esprit. Elle est notre absolu contraire, donc totalement inhumaine.

Notes, 1986, 1986 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Je n’ai pas de mobile, uniquement une motivation. Je crois que la motivation est essentielle, qu'elle correspond à la nature tandis que le mobile est démodé, voire même réactionnaire ( aussi absurde que de se demander quel est le sens de la vie ).

Notes, 1985, 1985 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Quelle est votre compréhension du « beau » ?

Le beau c’est un tableau de Mondrian, une œuvre de Schônberg ou Mozart, une peinture de Léonard, Barnett Newman ou aussi de Jackson Pollock. Pour moi, c’est le beau. De même que le beau c’est la nature. Une personne aussi peut être belle. Et le beau est aussi par définition « intouchable ». En effet, c’est un idéal : que nous, les humains, soyons intouchables et donc beaux.

Interview with Christiane Vielhaber, 1986, 1986 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Quel est, selon vous, la part de réel et de vérité dans vos tableaux ?

La vérité... Quand ils ont une structure comparable à la nature et qu’elles sont organisées d’une façon aussi vraie que nature. Quand je regarde par la fenêtre, alors la vérité, pour moi, est la façon dont la nature se déploie dans toutes ses tonalités, couleurs et proportions. C’est une vérité qui a sa propre exactitude. Cette petite tranche de nature, en fait tout élément de nature, représente pour moi un défi continuel et un modèle pour mes peintures.

Interview with Christiane Vielhaber, 1986, 1986 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Nature/ structure. On ne peut en dire plus, c'est à cela que je réduis mes tableaux, bien que « réduire » ne soit pas le mot juste, car il ne s'agit pas d'une simplification. Je ne peux pas exprimer verbalement à quoi je me consacre, et que je considère comme possédant une multitude de strates, comme plus important, plus vrai.

Notes, 1989, 1989 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Comment réussissez-vous à maitriser le hasard de sorte à obtenir une image définie ayant un certain message, car c'est bien votre but déclaré?
Justement, je n'ai aucune image définie en tête, mais souhaite obtenir un tableau que je n'ai absolument pas conçu d'avance. Donc, cette méthode de travail, par l'arbitraire, le hasard, l'idée qui vient brusquement et la destruction, permet de réaliser un certain type d'images mais jamais un tableau prédéterminé. Chaque tableau doit se développer à partir d'un logique picturale et visuelle, résulter obligatoirement du travail. Ainsi, ne préconcevant pas le résultat, j'espère pouvoir réaliser cette harmonie, cette objectivité que possède n'importe quel élément de la nature (ou le ready-made). C'est certainement une méthode ou l'inconscient intervient pour une large part. Je souhaite obtenir un résultat plus intéressant que ce que j'imagine.
 

Entretien avec Sabine Schütz, 1990, 1990 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Qu’est ce que vous entendez par tradition, spécifiquement dans le sens d’avoir une connaissance suffisante de la tradition pour être en mesure d’aller à l’encontre de celle-ci ? Et lorsque cela arrive, à l’encontre de quoi ?
La nécessité de rompre avec une tradition s’impose seulement lorsque vous avez affaire à une tradition démodée et gênante : je n’ai jamais vraiment réfléchi à cela parce que je considère l’approche démodée, étant liée à une certaine tradition, comme valable, ( ce qui peut être une faiblesse ). Mais en tout cas, la tradition positive peut aussi provoquer de l’opposition, si elle est trop puissante, trop envahissante, trop exigeante. Cela serait simplement représentatif du propre de la nature humaine de vouloir avoir de l’emprise sur ses traditions.

Interview with Jeanne Anne Nugent, 2006, 2006 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Si mes Abstrackt Bilder montrent ma réalité, elles montrent ma nostalgie de paysages ou de natures mortes.

Notes, 1981, 1981 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

….les paysages ou les natures-mortes que je peins entre mes tableaux abstraits ; ils représentent environ un dixième de ma production. D’une part, ils sont utiles parce que j’aime travailler d’après nature ‒ bien que j’utilise la photographie ‒ parce que je pense que n’importe quel détail de la nature a une logique que j’aimerais aussi voir en abstraction. D’autre part, peindre d’après nature ou peindre des natures mortes est une sorte de diversion ; en contrebalançant. Si je devais l’exprimer de façon quelque peu informelle, je dirais que les paysages sont un genre d'aspiration, une aspiration à une vie simple et entière. Un peu nostalgique. Les œuvres abstraites sont ma présence, ma réalité, mes problèmes, mes difficultés, mes contradictions. Elles sont tout à fait d’actualité pour moi.

Interview with Dorothea Dietrich, 1985, 1985 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Vous avez traité tous les sujets possibles : paysages, portraits, etc. Pourquoi cela ?
Parce qu’il se trouve qu’ils nous entourent. Nous en avons tous besoin. Ma méthode consiste à tenter de faire quelque chose qui puisse être compris par le monde actuel ou, au moins, de contribuer à cette compréhension. En d’autres termes, faire quelque chose que je comprends et que n’importe qui peut comprendre. Ce désir naturel de communiquer se révèle également dans d’autres domaines tels que la lecture, le discours etc. Je déteste aussi me répéter ; cela ne me procure pas le moindre plaisir. Une fois que j’ai assimilé quelque chose, j’ai besoin de repartir sur des terres inexplorées.

Conversation with Henri-François Debailleux, 1993, 1993 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

La peinture est quelque chose de traditionnel mais, pour moi, cela ne veut pas dire académique. J’ai ressenti le besoin de peindre ; j’adore peindre. C’était quelque chose de naturel, aussi naturel que d’écouter de la musique ou de jouer d’un instrument pour certains. C’est pour cette raison que j’ai cherché des thématiques relatives à mon époque et à ma génération. La photographie offre cela ; alors je l’ai choisie comme outil pour ma peinture.

Conversation with Paolo Vagheggi, 1999, 1999 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Un jour, vous avez dit que vous utilisiez des photos parce que l’appareil voit davantage d'objectivité que vos yeux. Vous connaissez tous les registres et les manipulations possibles en photographie. Voulez-vous malgré tout présenter une réalité plus objective ?
Non. Toute œuvre d'art est d'abord objet, la manipulation est inévitable. Elle est nécéssité absolue. Mais j'ai besoin de la photo, plus objective, pour corriger ma manière de voir. Si par exemple, je peins un objet d'après nature, je risque de le styliser et de le transformer pour qu'il corresponde à mes conceptions et à mon éducation. Mais si je copie une photo, tous les critères et les modèles tombent en désuétude et je peins pour ainsi dire contre ma volonté. Or j'ai ressenti ce phénomène comme un enrichissement.

Entretien avec Peter Sager, 1972, 1972 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Ce que l’on désigne officiellement sous terme de « portrait » joue-t-il un rôle important dans la création des portraits que vous faites ? Est-ce que vous avez analysé le concept traditionnel du portrait, ou de telles considérations seraient-elles secondaires au regard de vos thématiques ?
Je crains de ne pas être familier avec des termes comme ceux-là. Ce n’est pas quelque chose auquel je peux répondre. Mais, naturellement, les portraits jouent un rôle majeur. J’espère toujours peindre de bons portraits mais je ne peux plus le faire. Je m’attache beaucoup plus à peindre de beaux tableaux.

Interview with Susanne Ehrenfried, 1995, 1995 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Aujourd’hui nous savons que beaucoup de vos portraits sont ceux de membres de votre famille, et nous connaissons leurs histoires. Prenons par exemple le portrait de votre Tante Marianne [CR: 87], qui a été tuée en Février 1945, ou celui de votre Oncle Rudi [CR: 85], portant l’uniforme de la Wehrmacht. Pourquoi les références biographiques de vos tableaux ont-elles été ignorées pendant si longtemps ?
Je n'avais pas envie que les gens discutent de cela. Je voulais qu'ils voient les peintures, non le peintre et sa famille. Sinon ils m'auraient en quelque sorte donné une étiquette et seraient arrivés à une conclusion prématurée. En vérité, l'information factuelle (noms et dates) ne m'a jamais trop intéressé. Ces choses sont comme un langage étranger qui peut s'immiscer dans le langage de la peinture ou même en empêcher l'émergence. Vous pouvez comparer cela aux rêves : vous avez un langage pictural très spécifique et individuel que vous pouvez soit accepter soit traduire à la va-vite et d’une manière inexacte. Naturellement, vous pouvez ignorer les rêves mais ce serait dommage car ils sont très utiles.

SPIEGEL interview, conducted by Susanne Beyer and Ulrike Knöfel, 2005, 2005 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

J'aime ce qui n'a aucun style: les dictionnaires, les photos, la nature, moi-même et mes tableaux. ( Car le style est violence et je ne suis pas violent. )
 

Notes, 1964-65, 1964-65 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Il est admis que c'est seulement grâce au marchand d'Art Fred Jahn que je réussis à surmonter ma réticence à propos des œuvres sur papier et à les exposer. A cela s'ajoutait, naturellement, le fait qu'après dix ans je pouvais voir les aquarelles sous un éclairage différent et, face aux tableaux peints par la suite, elles étaient au moins devenues plus intelligibles pour moi.

Interview with Dieter Schwarz, 1999, 1999 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Vous vous qualifiez parfois de peintre classique.
La signification précise de ce mot m'a toujours échapée, mais même si je l'utilise improprement, le « classique » a toujours été mon idéal, aussi longtemps que je puisse m'en souvenir. ll m'en est resté quelque chose qui m'a toujours accompagné, jusqu'à aujourd'hui. J'ai rencontré des difficultés, naturellement, parce que, comparé à mon idéal, je ne m'en suis jamais ne serait-ce qu'approché.

Je n'ai rien à dire et je le dis. Entretien avec Gerhard Richter, Nicholas Serota, printemps 2011, 2011 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14

Je peins principalement des reproductions de photos (trouvées dans des magazines, mais aussi des photos de famille). Dans un sens, c'est un problème stylistique, la forme est naturaliste, bien que la photo ne soit pas une chose naturelle, mais préfabriquée (le second-hand-world où nous vivons), je ne suis pas obligé de styliser artificiellement, car c'est seulement sous des conditions bien spécifiques que la stylisation (altération de forme et de couleur) contribue à élucider un objet et un contenu (d'ordinaire, la stylisation devient le problème majeur qui occulte tout le reste [objet, contenu], elle tourne à l'artifice immotivé, au formalisme devenu tabou.

Lettre à deux amis artistes. Du Danemark, 19 juillet 1963, à Helmut et Erika Heinze, 1963 SOURCE
Gerhard Richter: Text. Writings, Interviews and Letters 1961–2007, Thames & Hudson, London, 2009, p. 14