Gerhard Richter. 18. Oktober 1977

Le tableau au format vertical Pendue représente Gudrun Ensslin, membre du groupe terroriste allemand de la Faction Armée Rouge (connu sous le nom de Bande à Baader), pendue aux barreaux de sa cellule de la prison de Stuttgart-Stammheim. Elle était la fille d'un pasteur protestant, née en 1940, elle a étudié les sciences de l'éducation ainsi que l'allemand et la littérature allemande avant de se radicaliser par sa rencontre avec Andreas Baader. Avec Baader et Ulrike Meinhof, elle est devenue membre fondateur de la RAF, visant à changer la société par l'usage de la force armée.

Encadrée par une couverture sombre et un mur blanc sur le côté droit, Ensslin est pendue à la gauche de la porte de sa cellule, les barreaux de couleur pâle de la fenêtre se détachent du fond obscur. Dans le centre de l'image, on peut distinguer un corps flou. Les jambes semblent se perdre sur le fond gris et le corps flotter dans les airs.

Dans cette peinture, Gerhard Richter se sert d'une photographie documentaire, saisissant les circonstances de la découverte du suicide d’Ensslin le 18 Octobre 1977. Pour la transposition de cette photographie en peinture, Richter utilise sa technique de flou très typique. Toutefois, les traces de pinceaux sont beaucoup moins prononcées que sur d'autres images de cette série. Le sujet semble être uniformément flou, créant un rapport juste et équilibré des niveaux de gris.

Le flou homogène rappelle les photos de la RAF que Richter avait recueillies dans son compendium Atlas [Planches: 470–479]. Au lieu d'être un relevé de photographies documentaires brutes provenant des archives d'un journal, l'Atlas contient la photocopie légèrement flou de celles-ci, illustrant son idée initiale pour la série.

En travaillant sur la série du 18 Octobre 1977, l'artiste a créé une deuxième version du tableau Pendue qu'il a, par la suite, recouvert de peinture de manière abstraite. La peinture est intitulée Couverture [CR: 680-3], se référant à la couverture sur la porte d'Ensslin que l’on peut deviner en dépit de la couche de peinture qui recouvre le tableau.

La couverture évoque le rôle du rideau dans l'histoire de l'art: un rideau peint suggère un regard sur un objet qui ne devrait pas nécessairement être vu et met le spectateur en position de voyeur.
Même si, ici, la couverture est suspendue à la porte, cela suggère à celui qui regarde tout de même d'entrevoir la pièce. Cependant Gerhard Richter n'assouvit pas la curiosité du voyeur, puisqu'il fait disparaître tous les détails dans le flou. Il semblerait presque que Richter ait voulu mettre la scène à l'abri des regards en recouvrant presque complètement de peinture la deuxième version de cette toile.

Notes préparées par l'équipe éditoriale.